Quelles compétences pour travailler sur les écrans ?

Quelles compétences pour travailler sur les écrans ?
Compétences pour travailler sur les écrans - Crédit : Chang Duong

Vos enfants rêvent de devenir créateur de jeux vidéo ? Et si, pour cela, il valait mieux s'éloigner des écrans ? 

Créativité, curiosité, capacité à travailler en équipe, confiance en l’autre, facilité à rebondir...voici les qualités que recherchent les plus grandes écoles d’informatique comme CPE Lyon, 42 ou encore EPITA. Des compétences qui ne s’acquièrent pas forcément assis derrière un écran...

Quelles qualités recherchez-vous chez vos futurs élèves ?

Nicolas Sadirac (42):

La 1re des qualités est la capacité à travailler en équipe. Aujourd’hui, on a dépassé la création individuelle, l’innovation se construit à plusieurs : le collaboratif est essentiel. La 2e serait la confiance en soi et en autrui, c’est-à-dire la capacité à se faire entendre tout en étant capable d’écouter l’autre et de se remettre en question. De nos jours, il n’est plus question de hiérarchie, de « sachants », mais de personnes qui se nourrissent mutuellement, sans que l’une soit supérieure aux autres. La dernière qualité serait la culture de l’échec. Il faut sortir du mythe de l’idée de génie qui apparaît subitement ! Dans la réalité, ce sont plusieurs échecs successifs qui amènent à une réussite ; il faut donc être persévérant et ne pas se décourager trop vite.

Gérard Pignault (CPE Lyon) :

On recherche bien évidemment des candidats avec un très bon niveau en sciences, une forte capacité de travail (même si vous avez des facilités, vous n’arriverez à rien sans travailler) et à la personnalité équilibrée, c’est-à-dire des personnes curieuses qui ont montré dans leur vie qu’elles s’intéressaient à autre chose qu’aux sciences : cela peut être le sport, la musique, les voyages...Les ingénieurs sont des rêveurs qui agissent !

Joël Courtois (EPITA):

La créativité et la curiosité sont essentielles : les jeunes ont le potentiel, grâce au numérique, de transformer le monde dans des dimensions qu’ils nimaginent même pas. Pour la majorité d’entre eux, la principale motivation pour la majorité d’entre eux est d’intégrer EPITA : vouloir créer des jeux vidéo ! Nous leur expliquons que c’est bien plus que cela. C’est imaginer de nouveaux modes de transport, économiser l’énergie, sous toutes ses formes, améliorer son alimentation, mieux se soigner par la prévention et le diagnostic intelligent, s'ouvrir sur le monde et les arts...Nous leur demandons également d’avoir un bon niveau dans les fondamentaux scientifiques (maths, physique...). Et c’est parfois un message qui ne passe pas chez les ados : souvent, les passionnés d’informatique se demandent à quoi bon perdre du temps à l’école. Or, que ce soit dans les matières scientifiques ou les sciences humaines (langues,histoire, géo...), c’est important, car l’informatique est l’un des rares métiers qui soit mondialisé et où tout le monde parle le même langage. Je demande parfois à mes élèves : « Un projet délégué à deux équipes situées en Inde et au Pakistan a-t-il des chances d’aboutir? Eh bien difficilement, car un Indien et un Pakistanais auront culturellement du mal à se parler. » Ou alors :« Tu veux faire un projet qui se déroule dans différentes régions de Chine. Tu as combien de fuseaux horaires ? Eh bien, il y a une seule heure, car Mao Zedong a décidé en 1949 quil y aurait la même heure partout en Chine ! » Et ça, c’est de l’histoire et de la géographie !

La collaboration est par ailleurs essentielle : aujourd’hui, le développement d’un système informatique est d’une complexité telle que ce n’est pas un seul individu qui peut résoudre tous les problèmes. Pour créer un jeu vidéo il faut plutôt de 200 personnes !

Enfin,être réactif c’est à dire pouvoir créer des start-up, puis les laisser mourir quand elles ne sont pas bonnes et en créer d’autres. Or l’un des problèmes français est la peur de l’échec...Ce matin, j’étais en conférence avec Amazon Web Services : ils expliquaient qu’ils créaient de nouveaux outils en permanence (et même des produits concurrents !) dont la plupart ne fonctionneront jamais, mais que cela avait servi à comprendre certaines choses et à avancer par ailleurs. Pour eux, l’échec est tout à fait normal, voire essentiel !

Une dernière chose le numérique a besoin des filles ! Très peu choisissent cette filière : on atteint péniblement 8 % de filles les bonnes années...Et ce n’est pas, comme on peut l’entendre souvent, parce que les hommes sont plus « câblés » pour l’informatique. La preuve : quand je reçois une délégation d’étudiants coréens en informatique, sur 25 élèves, 20 sont des filles ! Or leur manière de penser est un vrai plus, et toutes les entreprises l’ont bien compris : elles veulent des femmes et se bagarrent même pour cela ! 


Y a-t-il un rapport entre le temps passé derrière un écran et les compétences pour travailler dans le monde du numérique ?

Nicolas Sadirac La question ne se pose pas en ces termes. Ce qui compte est que lenfansoit en mode créatif. Et, à ce titre, les écrans peuvent stimuler la créativité de lenfant comme la détruire. Jouer à Minecraft (où il faut inventer tout une architecture) ou passer des heures devant une série nest pas du tout la même chose ! Il faut privilégier les activitédigitales qui mettent lenfant face à une situation complexe (Magic Makers propose de trèbons ateliers dans ce sens !) dans laquelle il doit être créatif.

Gérard Pignault Non ! Il y a une grande confusion entre les écrans et le numérique. Quand vous êtes devant un écran, que ce soit une télé, un smartphone, un ordinateur ou une tablette, vous ne faites pas dinformatique, vous « consommez » de linformatique. Cela développe une certaine passivité et, dans les cas extrêmes, une forme d’addiction. Il y a un phénomène presque hypnotique des images, car chez l’Homme, la vue est le sens le plus développé. À l’inverse, il ne faut pas non plus chercher à priver complètement l’enfant, mais plutôt à lui apprendre à maîtriser sa consommation et à lui proposer des activités plus intéressantes...

Joël Courtois: Non, car les jeunes occidentaux sont plus « consommateurs » qu’acteurs et s’intéressent peu à la programmation. On a souvent des jeunes persuadés d’être des dieux de l’informatique parce qu’ils sont actifs sur les réseaux sociaux et animent un site...La difficulté est de trouver des jeunes réellement motivés par la conception, le développement et la création.

Comment préparer ses enfants aux métiers du numérique?

Nicolas Sadirac : Le monde de demain est en constante évolution, et cela va très vite. Dans 5 ans, tout sera différent. On ne forme pas une personne à un métier mais à avoir la capacité de sadapter. Et surtout, non seulement les métiers répétitifs, sans créativité, vont disparaître très vite, mais aussi le métier dingénieur classique sera un jour remplacé par des ordinateurs. La personne qui aura une idée demandera à une machine « sachante » si technologiquement cest possible, et non plus à un ingénieur...

JoëCourtois Il est important que les enfants commencent à programmer tôt pour savoir ce quil y a à lintérieur de la « boîte », pour qu’ils comprennent qu’ils peuvent en être les maîtres et non pas simplement « soumis » à ce que leur proposent ces technologies. On devrait apprendre aux enfants à « programmer » en même temps qu’ils apprennent à lire et à écrire. Les jeunes ont l’impression d’être maîtres de leurs écrans, de pouvoir choisir les contenus, mais c’est un pseudocontrôle : ils sont dépendants des outils mis à leur disposition.

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