Livres, ateliers, articles, conférences… On n’a jamais autant entendu parler de la « parentalité positive ». De la gestion des émotions de l’enfant, au développement de l’autonomie et des talents de chacun en passant par l’empathie et la communication non violente… La parentalité positive pose un nouveau regard sur les relations parents-enfants. Mais les papas y sont-ils aussi sensibles que les mamans ? On s’est posé la question.
La parentalité positive… Mais de quoi me parlez-vous ?
Les papas sont-ils chavirés par la vague « parentalité positive » ? Quand on s’est posé la question à la rédaction, on a commencé par interroger les papas qui nous entourent au bureau, à la maison, au parc et… on n’a pas eu l’impression d’une déferlante d’intérêts.
Extraits choisis :
Pierre, papa d'une petite fille : « Je trouve que la parentalité positive est une espèce de pression supplémentaire sur les parents. A force de vouloir être parfait à suivre des préceptes à la règle, on finit par entrer dans une sorte de diktat et ça a de quoi te démoraliser. Je reste convaincu que, si la recette de la parentalité existait ce serait : une bonne dose d’exemplarité, du bon sens, de la bienveillance, un soupçon d’autorité et beaucoup d’amour. Devenir parent, c’est avoir des principes et … s’adapter ! La parentalité positive est sans doute une source d’exemples pour bien faire… mais il faut aussi se faire confiance ! »
Cédric, papa de quatre enfants : « Dans un monde où le marketing est roi, l'éducation positive ne serait-elle pas une énième tentative de nous vendre des formations, des livres... Je n'en ressens pas le besoin. Je pense que je suis un papa positif malgré tout : Je suis à l’écoute de mes enfants, je prends du temps avec eux, j'aime partager des expériences plutôt que de suivre des tutos. Par exemple, j'aime beaucoup les Pillow-Blabla de Bubblemag qui ne sont pas donneur de leçon mais permettent de faciliter l’échange, la discussion et les moments d’écoute avec ses enfants. »
Pour en savoir plus nous avons décidé de rencontrer Gilles Vaquier de Labaume, formateur certifié en discipline positive, auteur du livre « Nouveau papa les clefs de l’éducation moderne (À paraitre/septembre 2018 - ed. Leduc) et fondateur de l’atelier du futur papa (75014) qui propose des stages de formation à la paternité. Formé par Isabelle Filliozat, Gilles Vaquier de Labaume entend transmettre aux papas le virus de la parentalité positive.
Des papas de plus en plus intéressés
Et Gilles nous a confirmé notre première impression : les papas ne savent pas ce qui se cache derrière la notion de « parentalité positive ». Cependant, ils montrent beaucoup d’intérêt pour ce qu’elle recèle : la communication non violente, la connaissance et le respect des rythmes d’apprentissage de l’enfant, l’apport des neurosciences dans l’éducation à l’école comme à la maison…
Certain font de la prose sans le savoir, d’autres viennent chercher auprès de Gilles des explications et des astuces très concrètes pour faciliter et harmoniser les relations avec leurs enfants.
Gilles note un intérêt grandissant depuis un an et demi et ses groupes de papas ne désemplissent pas. Ils sont environ 40 par semaine à participer.
La parentalité positive pour donner confiance aux pères
À l’ouverture de son atelier il y a quatre ans, Gilles recevait beaucoup de demande de papas homosexuels. Ils arrivaient un peu angoissés à l’idée de ne pas avoir de maman à leur côté pour leur « apprendre » à s’occuper de leur nouvel enfant. Aujourd’hui encore les futurs papas n’anticipent pas vraiment et n’ont pas idée de ce qui les attend après la naissance, explique Gilles, c’est d’ailleurs leurs compagnes qui les poussent à participer à mes ateliers. Ils arrivent via les ateliers gratuit de la Caf, prennent conscience que l'on peut avoir un projet éducatif et réfléchir à tout cela avant la naissance de son enfant et ils reviennent très souvent pour creuser le sujet.
Parler de bébé et d’éducation avec d’autres hommes les séduit beaucoup. Ils ne se sentent pas jugés, peuvent poser toutes leurs questions, se sentent entendus et surtout pris en compte durant la grossesse, ce qu’ils apprécient beaucoup.
La plupart de ces papas, ajoute Gilles Vaquier de Labaume, ont une certitude, ils ne veulent pas reproduire les schémas du passé, ils veulent une belle relation avec leur enfant, mais il ne savent pas comment l’amorcer. Quand je commence les stages en leur parlant de la parentalité positive ils prennent conscience que la relation va être riche et ne consistera pas seulement à changer des couches. C’est très encourageant pour les papas, et très bénéfique à la création du lien d’attachement avec leur bébé.
Être capable de se remettre en cause
Pas facile pour les hommes de se remettre en cause, explique Gilles Vaquier de Labaume, et quand la relation avec leur enfant est dégradée, peu d’homme sont encore capable de faire cette démarche de venir en atelier pour comprendre et tenter de rectifier le tir, la confiance et la crédibilité. La parentalité positive est pourtant très utile à cela.
Les papas ambassadeurs de la parentalité positive
Reste qu’une fois initiés à la notion de parentalité positive, les papas s’avèrent être de très bons ambassadeurs. Quand ils ont suivi les formations, les hommes disent qu’ils se sentent l’égale de leur compagne. Ils ont même parfois l’impression d’avoir un temps d’avance et voudraient que leur compagne puisse, elle aussi, être sensibilisée à la parentalité positive.
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