Jouets durables : interview d'Oxybul éveil et jeux
Par Bubble Mag
« Moins et mieux », qu’est-ce que cela vous inspire en tant qu’enseigne de jouets ?
Anne Fauveau : C’est dans l’ADN de la marque depuis le départ ! Nous sommes la seule marque de jouets à faire une sélection du meilleur pour les enfants. Nous invitons nos clients à une consommation raisonnée en les aidant à choisir le bon jouet au bon moment, qui soit à la fois ludique et pédagogique. D’ailleurs, nous nedistribuons pas de jouets sous licence car ils sont souvent soumis aux effets de mode, donc éphémères.
Catherine de Bleeker : Il faut remonter en 1989 : Margaret Milan lance son premier catalogue de vente de jouets par correspondance et crée Éveil et Jeux, ne trouvant pas d’offre satisfaisante pour ses enfants. Elle souscrit à la théorie des intelligences multiples d’Howard Gardner, à savoir tous les enfants ont en eux de nombreux potentiels qui ne demandent qu’à se révéler par le jeu. Depuis, la marque n’a eu de cesse de proposer une offre accessible, durable et responsable, pensée pour le bien de l’enfant.
Vous parlez de durabilité : avez-vous engagé des démarches spécifiques en ce sens ?
Nathalie Charlet : Dans notre démarche de création de jeux, nous proposons des règles évolutives pour que le jeu ait une plus grande durabilité chaque fois que cela est possible. Les planches de notre jeu de memory vont se compliquer à mesure que l’enfant grandit. Autre exemple : nous venons de sortir une bataille navale avec trois niveaux correspondant à trois tranches d’âge différentes.
A. F. : Nous privilégions au maximum la fabrication de jouets en bois. Même si, sur certains jouets, on ne s’interdit pas le plastique (pour le bain ou la plage par exemple) car il a des vertus en termes de durabilité : il est résistant à l’eau, léger, facilement nettoyable et solide. Nous nous intéressons par ailleurs de près à des alternatives au plastique innovantes offrant une qualité équivalente et un moindre impact environnemental.
N. C. : À ce propos, pour parler écoconception, nous avons fait un travail de fond sur nos nouveaux emballages, pour enlever tout le plastique inutile et optimiser les packagings. En 2020, cela a représenté 3,6 tonnes de plastique en moins, sachant que nous avions déjà économisé à ce jour 6 tonnes de plastique et 5 tonnes de cartons en travaillant les emballages existants d’une trentaine de nos produits entre 2018 et 2019…
Lorsque vous concevez un jouet, pensez-vous à sa transmissibilité d'une génération à l'autre ou d'une fille à un garçon ?
A. F. : Oui ! Nous avons d'ailleurs élaboré il y a cinq ans une charte de couleurs pour éviter tout effet de mode. Elle garantit la création de jouets intemporels et transmissibles d’une génération à l’autre. De plus, chez Oxybul, on ne met pas de la couleur pour de la couleur, mais pour guider l’enfant : elle est apposée là où il doit avoir une action, afin qu’il soit le plus autonome possible.
C. de B. : Les jouets « non genrés » sont l’une des singularités significatives de la marque depuis 30 ans ! Point de packaging rose ou bleu, ni de rayons filles et garçons, ni de pages de catalogue organisées en fonction du sexe. Notre cuisine, par exemple, est de couleur naturelle et les parties en couleurs mixtes sont celles où l’on invite l’enfant à faire une action : les boutons, les poignées…
A. F. : D’ailleurs le moteur à idées de notre site ne prend en compte le sexe de l’enfant que comme tout dernier critère. Même nos vendeurs sont formés en ce sens ! Pour faire simple, nous n’utilisons des couleurs « genrées » que si cela apporte quelque chose à l’enfant. Cela contribue à faciliter la transmission de nos jouets d’un enfant à un autre, fille ou garçon.
Comment vous assurez-vous que les jouets que vous vendez sont bien adaptés aux enfants et évitez ainsi qu’ils ne restent dans des placards surchargés ?
A. F. : Depuis 1993, nous avons mis en place un réseau de 3 000 « parents pilotes » bénévoles, qui testent tous nos prototypes. L’idée est de voir, en situation réelle, si l’enfant reprend le jouet spontanément, s’il y a des choses qui ne fonctionnent pas, d’autres à améliorer… Nous organisons également des « oxylabs » : nous faisons venir des enfants dans les bureaux des équipes produit, qui observent leur manière de jouer avec les prototypes ; et également des « oxylunchs », où nous échangeons avec des parents en direct. De la même façon, tous les avis clients sur notre site sont traités en direct par les chefs de produit pour améliorer les jouets existants. Nos clients aiment pouvoir donner leur avis, et nous sommes ravis de cette cocréation !
N. C. : Nous collaborons aussi avec les éducateur·rice·s du réseau de crèches Rigolo Comme La Vie, qui nous donnent des conseils pour que nos jeux encouragent l’exploration de l’enfant, lui fournissent une expérience positive et lui donnent envie de faire et de refaire. Un exemple, le rembourrage des peluches : nous avions tendance à faire des peluches assez denses, or il s'est avéré que cela pouvait rendre difficile la préhension par un jeune enfant. Travailler ainsi avec les familles et les professionnel·le·s de la petite enfance nous permet de fabriquer des jouets au plus près des besoins des enfants… et donc, plus durables !
Pour le mot de la fin, comment « faire face » aux listes de Noël de nos enfants ?
N. C. : Je conseille aux parents de discuter avec leurs enfants pour comprendre ce qu’ils attendent de tel jouet, ce qu’ils en imaginent. D’une part afin d’éviter les déceptions, parce que les publicités à la télévision, en magnifiant le contexte, ne sont pas toujours très réalistes… et, d’autre part, pour comprendre mieux ce qui les attire afin de leur parler d’autres jouets, qui seraient plus à même de répondre à leur attente de manière durable. Il faut privilégier le plaisir de jouer… vraiment !