Autant de questions qui trottent dans les têtes des parents et auxquelles on a du mal à avoir des réponses. Dans son livre L’alimentation de vos enfants – enquête sur le marketing et les idées reçues, écrit avec Fabiola Flex, le Professeur Patrick Tounian nous livre un ouvrage destiné à déculpabiliser les parents autour de l’épineux sujet des repas.
Les parents sont assommés de consignes : « mangez 5 fruits et légumes frais », « consommez 3 produits laitiers par jour », etc. Ces slogans ont-ils une influence sur l’alimentation de leurs enfants ?
Oui les parents sont très sensibles à la publicité et les enfants aussi. La publicité institutionnelle et le déferlement de ces messages amènent des interrogations et influent sur l’assiette des enfants. Prenons l’exemple des « 5 fruits et légumes par jour ». Certains s’en fichent, d’autres adaptent leur comportement et certains vont paniquer et penser que leur enfant est en danger s’il ne mange que quatre portions par jour ! Cela donne des parents très angoissés alors qu’un légume par jour est amplement suffisant.
Il y a donc un problème dans la manière de présenter ces slogans ?
Oui et il y a un problème dans la manière de les imaginer. On se trouve face à un dilemme : les messages doivent être collectifs et pourtant la nutrition est un problème individuel. C’est encore plus important chez l’enfant car le problème collectif est un risque de carences. Pour le reste, on est dans une problématique de risques individuels. On se concentre sur le risque de l’excès qui concerne une minorité d’enfant. Il n’a pas été démontré que consommer cinq fruits et légumes par jour améliore la santé.
Le petit déjeuner est présenté comme le repas le plus important de la journée. Faut-il s’inquiéter si un enfant ne veut pas manger le matin ?
Nullement. Chaque enfant est différent. Certains n’aiment pas manger le matin. Sauter le petit déjeuner n’a jamais entraîné de carences ou favorisé l’obésité. On voit ce genre de comportement surtout chez l’ado. Certains n’ont aucun souci pour attendre de manger jusqu’au déjeuner. D’autres ont faim à 10 heures, il faut alors mettre dans leur poche une barre de céréales ou une barre chocolatée pour leur permettre d’attendre le repas de midi. Il n’y a aucune espèce de conséquences à faire ainsi. Le petit déjeuner est le repas qui apporte le plus de calcium donc s’il n’y a pas de petit déjeuner, il faudra retrouver le calcium ailleurs. Il s’agit là encore d’un problème de carence mais sauter le petit déjeuner ne risque pas d’engendrer des enfants obèses. De manière général, on peut dire que seuls certains enfants sont sensibles aux excès mais qu’ils sont tous susceptibles d’avoir des carences.
Les petits pots pour bébés sont-ils inférieurs au niveau nutritionnel par rapport à du fait maison ?
Les petits pots industriels ne sont ni inférieurs, ni supérieurs. Ils sont juste plus pratiques. On peut s’en servir en toute sécurité et sans remords. En revanche, les petits pots ne sont pas supérieurs comme voudraient le faire croire les industriels. Seulement, un enfant qui a l’habitude de manger des petits pots aura du mal à passer à autre chose. Les petits pots industriels présentent une texture très lisse et l’enfant risque de faire la moue devant la texture moins douce d’une purée maison. Il ne faut pas se vexer et continuer à lui en proposer pour qu’il s’habitue au fait maison.
Manger bio, est-ce un plus pour la santé de nos enfants ?
Non, l’alimentation bio n’a aucune supériorité en terme de santé. C’est une pure idéologie. C’est peut-être meilleur pour l’environnement. En ce qui concerne les petits pots, il n’y a presque pas de différence entre les bio et les non bio. La législation sur les petits pots est proche de celle du bio en terme d’exigences, notamment en teneur de pesticides de synthèse.
Faut-il avoir peur du fast-food et des sodas ?
Interdire le MacDo et le Coca pour lutter contre l’obésité n’a aucun sens scientifique car les enfants sont insensibles à l’excès. Il ne faut pas manger de cette manière tous les jours car cela risque d’entraîner des carences mais cela ne rend pas un enfant obèse. En comparaison, ne nourrir un enfant qu’avec des légumes est encore plus mauvais. C’est la diversité qui est importante.
Si l’on doit retenir un seul conseil dans votre livre, lequel est-ce ?
Il faut se faire plaisir et donc, faire plaisir à son enfant. Il faut avoir du bon sens et le sens du bon, c’est à dire, ne pas donner la même chose tout le temps et avoir le sens du plaisir. Si on a la diversité et le plaisir dans l’assiette, on a tout ce qu’il faut.
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