Premier jour de maternelle : toute la journée, vous vous êtes demandé si votre enfant s’est fait des copains, si la maîtresse a été gentille, ce qu’il a mangé à la cantine, s’il s’est amusé… Bref, votre curiosité est au maximum et vous n’attendez qu'une chose, qu’il vous raconte par le menu le déroulement de sa journée.
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Et là, misère : rien. À peine si, du bout des lèvres, votre écolier vous marmonne un « Zai zoué ». Et dans ce cas, estimez-vous chanceuse. Car, la plupart du temps, c’est plutôt un « Chais pas » qui vient clore la discussion. À croire que son cerveau est atteint d'un Alzheimer précoce. Que nenni. Si votre enfant est peu loquace, c’est à la fois parce qu’il ne peut pas, ne sait pas et ne veut pas parler. Explications…
IMMATURITÉ DE LA MÉMOIRE
Premièrement, il ne peut pas car sa mémoire n’est pas assez structurée. Concentré sur le présent, il est déjà passé à autre chose. Le questionner sur ce qui lui est arrivé ce matin c’est comme si je vous demandais ce que vous avez fait il y a 3 ans à 10h. Trou noir. Par ailleurs, son cerveau a tellement de nouvelles informations à intégrer qu’il fait le tri pour ne pas se retrouver saturé. Se souvenir qu’il a mangé du poisson pané : aucun intérêt.
IMMATURITÉ DU LANGAGE
Deuxièmement, il ne sait pas forcément comment s’exprimer. La plupart des enfants ne sont pas encore suffisamment matures dans leur développement pour trouver les mots justes. Ils manquent de vocabulaire et ont donc du mal non seulement à raconter leur journée mais également à accéder à ce qu’ils ont pu ressentir.
BESOIN D’AUTONOMIE
Troisièmement, il ne veut peut-être pas. En allant à l'école, l’enfant accède à une certaine autonomie et découvre un univers où ses parents ne sont pas présents. Certains enfants tiennent à garder pour eux ces moments loin d’eux, marquant ainsi leur individualité.
SOLUTIONS
Mais alors que faire ? Déjà ne point dramatiser. Les enfants parlent plus facilement de ce qui ne va pas que de ce qui se passe bien. S'il ne vous dit rien, c’est qu’à priori il n’y a pas à s’inquiéter.
1. Ensuite, vous pouvez essayer de mettre en place un rituel. Choisissez toujours le même moment de la journée : à table, par exemple, ou au bord de son lit au moment du coucher. Commencez par raconter votre journée à vous, puis posez-lui une ou deux questions, sans insister. Les rituels permettent d’ancrer les habitudes et certains enfants ont parfois besoin de temps après le retour de l'école pour que leur langue se délie.
2. Une deuxième astuce est la technique de l’appât : parfois, il va suffire d'un mot pour que votre enfant, par association d'idées, se mette à raconter une anecdote de sa journée. L'idéal est d’aller à la pêche aux infos pour trouver le point départ qui va dérouler le fil : consultez le menu du jour, regardez ses cahiers, interrogez la maîtresse… et avec cette matière première, tentez une approche.
3. Une dernière astuce est de poser des questions précises. Le « Ta journée s'est bien passée ? » a fort peu de chance d’être efficace. Optez plutôt pour des questions ouvertes (auxquelles il ne peut répondre ni pas oui ni par non) et reliées à un moment ou à une action précise de la journée. Par exemple « À quoi as-tu joué, à la récréation ? », « Qu’as-tu mangé pour le dessert ? », « Qu'as-tu dessiné dans ton cahier rouge ? », etc.
Et si par miracle vous avez un ou une pipelette à la maison, savourez. Vous ne mesurez pas votre chance.
BUBBLEmag
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