Dans le monde entier, des milliers de bénévoles fabriquent à domicile des mains artificielles pour enfants ou adultes. Comment ? Avec une simple imprimante 3D !
L’idée de la communauté e-NABLE ? Mettre en relation des bénévoles équipés d’imprimante 3D et des enfants handicapés (adultes également) à qui il manque une main. Ghislain Gauthier, directeur marketing et commercial de la région parisienne, a ainsi confectionné, sur son temps libre, une main de super-héros pour Anaïs. Une petite fille de 5 ans qui a maintenant « un truc en plus et pas en moins » que toutes ses copines de l’école lui envient !
Une main pour les enfants agénésiques
Chaque année, en France, environ 450 enfants naissent avec une malformation – voire une absence – de la main (agénésie). Ils ont alors le choix entre une prothèse esthétique – dont la fragilité du revêtement, la difficulté à la protéger des bousculades et la peur de l’abîmer, conjuguées à son inutilité fonctionnelle, majorent plutôt le handicap qu’elles ne soulagent l’enfant – ou une prothèse myoélectrique (fragile également et complexe à utiliser) permettant une motricité beaucoup plus fine, mais partiellement prise en charge.
Une main « low cost »
E-NABLE propose gratuitement des modèles types reproduisant main ou bras complet qu’il ne reste plus qu’à adapter et à imprimer. Pour un coût dérisoire à la charge du bénévole (moins de 50 €), il est ainsi possible d’imprimer une main personnalisée – selon les couleurs imaginées par l’enfant – en 24 h !
Une main mécanique
La main standard e-NABLE, qui s’attache avec un velcro, est totalement mécanique (sans moteur). Lorsque vous pliez le poignet (ou le coude), de fins câbles fixés au niveau de l’avant-bras vont actionner les doigts et le pouce afin de les fermer et d’agripper. Lorsque que vous relâchez le poignet (ou le coude), la main s’ouvre d’elle-même.
Ce système, très basique, est largement suffisant, avec un peu de pratique, pour saisir un verre d’eau, faire des bulles de savon, jouer aux cartes, faire du vélo ou de la balançoire, porter un sac… et idéal pour les enfants (à partir de 4-5 ans) qui, du fait de leur croissance, doivent régulièrement changer d’appareil. Une véritable solution en attendant de pouvoir investir, à l’âge adulte, dans une prothèse myoélectrique.
Une main née sur la Toile
Les origines de l’association e-NABLE sont la parfaite illustration de ces incroyables histoires rendues possibles grâce à la Toile. D’un côté, un couple de chercheurs américains – Jen et Ian Owen –, créateurs d’une main mécanique, qui imaginent, à la demande d’une maman, un prototype pour son petit garçon de 5 ans, Liam. Réalisant que l’année suivante il lui faudrait une nouvelle main, ils réfléchissent alors à un moyen pour réitérer l’exercice, facilement et à moindre coût : l’impression 3D ! Ils planchent sur le sujet, réalisent la première « e-prothèse » et, plutôt que de déposer un brevet, décident de rendre leurs fichiers publics. De l’autre, Jon Schull, professeur au Rochester Institute of Technology, qui, après avoir découvert l’histoire de Liam via une vidéo sur YouTube, a l’idée en 2013 de créer un groupe Google+ et une carte permettant aux bénévoles de partager leur position géographique… Les prémices de l’association e-NABLE, qui compte aujourd’hui une communauté de plus de 10 000 bénévoles dans le monde !
Une main mondiale
Afin d’aider les pays pauvres à s’équiper, Joe Cross (à l’origine d’e-NABLE Hongrie) décide de créer Enable Outreach pour récolter des fonds. Du Nigeria au Venezuela, en passant par le Honduras et la Barbade, il existe aujourd'hui plus d’une centaine d’antennes à travers le monde.
www.enableoutreach.org
Début 2014, Thierry Oquidam, informaticien, tombe par hasard sur e-NABLE et décide alors de s’équiper d’une imprimante 3D. Quand il s’inscrit comme bénévole, celle-ci compte quelque 450 membres. Huit mois plus tard, le cap des 5 000 est franchi ! En août 2015, il équipe Maxence, un jeune garçon : les médias, enthousiastes, s’emparent du sujet. Thierry se décide alors à créer une antenne française pour répondre aux demandes qui affluent ! Le bilan, après 18 mois d’existence : 44 mains fabriquées et 70 « makers » validés !
E-NABLE pour les familles
Dans les cartons de l’association française : le projet d’équiper des familles d’enfants handicapés d’imprimantes 3D et de leur apprendre à s’en servir afin que les parents puissent fabriquer les appareils successifs de leur enfant et aider la communauté. Les familles désirant participer au programme sont invitées à écrire à contact@e-nable.fr.
Avis aux volontaires !
Les forts en informatique, les curieux, les philanthropes, les aventuriers, les « geeks » nouvelle génération, les informaticiens, mais pas que… chacun peut devenir « maker » certifié auprès de l’association. Seul impératif : posséder ou avoir accès à une imprimante 3D et réaliser une main de test. N.B. : l’association a été reconnue d’intérêt général, et à ce titre peut émettre des reçus fiscaux pour les donateurs, entreprises et particuliers, permettant des réductions d’impôts…
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