Le « non », un signe de maturation et de progrès
Sans que rien ne le laisse présager, votre enfant vous répond « non » à chacune de vos demandes. Jusqu'à présent, fidèle à votre façon de faire et dans une forme de relation fusionnelle avec lui, ce « non » exprimé brutalement instaure une distance soudaine et vous laisse peut-être un sentiment d'incompréhension voire de tristesse. Malgré tout, ce phénomène est très positif pour votre enfant. Effectivement, il entre, aux environs de ses 15-18 mois, dans le stade du non dans lequel il va apprendre à s'obstiner. Rassurons-nous, les plus grands auteurs nous ont montré que cela dénote l'acquisition d'une capacité d'abstraction et révèle une faculté de jugement par rapport aux situations. De plus, ce « non » marque l'issue d'un long processus de maturation tant physiologique que psychologique chez l'enfant, qui va désormais être prêt à entrer sur la voie de la communication humaine. Les échanges n'en seront que plus riches et plus subtils avec lui.
Des limites à mettre et à donner
L'enfant, à travers le « non » nous montre qu'il entre dans un nouveau stade de développement, mais il reste tout de même un tout-petit qui a besoin que l'adulte balise son champ d'actions. En effet, nous savons tous, qu'il est indispensable d'apporter à tout enfant la sécurité sans laquelle il ne pourra évoluer pour s'autonomiser et s'ouvrir au monde. Pour cela, il a besoin des adultes.
Les limites que vous lui donnez forment des repères et des soutiens sur lesquels il peut s'appuyer solidement pour s'élever et grandir. Ces limites font partie du développement de l'enfant même si elles entraînent pleurs et contrariété. Au contraire, c'est une éducation sans frustration ni conflit qui empêcherait l'enfant d'évoluer correctement.
Pas facile de devoir sans cesse rappeler les règles, d'affirmer les interdits qui le plus souvent suscitent un conflit et de devoir l'assumer jusqu'au bout. Cela signifie en effet de devoir faire face à la violence et à la culpabilité de devoir frustrer son enfant.
En famille comme à la crèche, c'est l'autorité de l'adulte qui est interpellée, mise à l'épreuve. Dès lors que l'adulte hésite, vacille, tergiverse, l'enfant peut éprouver le goût d'une victoire. Mais c'est une victoire amère où sa confiance en l'adulte et son sentiment de sécurité sont mis à mal. Alors énoncez des règles suffisamment claires et concises, et posez un « non » d'adulte catégorique. Vous aidez ainsi votre enfant à grandir, car à l'intérieur des limites qu'il trace et consolide, s'ouvre, infini, l'espace de la liberté et du « OUI ».
* René A. Spitz, psychiatre et psychanalyste américain qui a beaucoup travaillé sur la relation mère-nourrisson. Auteur de la notion d'hospitalisme. Le non et le oui, genèse de la communication humaine, éd. PUF, 1983.