En 1972, paraissait un ouvrage qui allait marquer une génération de parents : Tout se joue avant 6 ans, du psychologue américain Fitzgerald Dodson. L'auteur, spécialiste de l'éducation, soulignait l'importance des premières années dans la construction de l’enfant. L’être humain ayant la fâcheuse tendance à simplifier, voir déformer, le moindre propos, il est resté dans l’inconscient collectif qu’au-delà des six ans, la personnalité de l’enfant était définitivement figée. Que tout était déjà joué. Bref, que les parents avaient six ans pour réussir la vie de leur enfant…
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UNE CROYANCE FAUSSE
On a en effet longtemps cru que les neurones, contrairement aux autres cellules, ne se régénéraient pas. La raison de cette croyance ? À six ans, la taille du cerveau de l’enfant étant proche de celle du cerveau d’un adulte, on en déduisait que le cerveau n’allait ensuite plus guère évoluer.
REMISE EN CAUSE PAR LES PSYCHOLOGUES
Cette théorie s’est ensuite vue battue en brèche par plusieurs professionnels de l’enfance, et notamment par Marcel Rufo pour qui “tout se rejoue toujours”. Une intuition aujourd’hui confirmée par la science.
CONTREDITE PAR LES NEUROSCIENCES
Depuis les années 1990 et la démocratisation de l’imagerie cérébrale avec l’arrivée du scanner, les neurosciences ont en effet fait des découvertes majeures. D’une part, certaines zones de notre cerveau produisent de nouveaux neurones – c’est ce que l’on appelle la neurogenèse. D’autre part, le cerveau met près de 25 ans pour arriver à maturité, et non 6 ans comme on le croyait…
Et enfin, il se modifie sans cesse. Sans relâche, il remodèle ses connexions en fonction de l'environnement et des expériences vécues. Beaucoup pendant l’enfance, certes, mais également tout au long de la vie. Même le cerveau de votre grand-mère continue d’évoluer !
C’est ce que l’on appelle la plasticité cérébrale.
CONCLUSION
S’il est vrai que les premières expériences de vie peuvent laisser des traces indélébiles, et qu’il est important pour les enfants de grandir dans un environnement bienveillant, il n’en reste pas moins que la vie psychique et cognitive de l’individu évolue tout au long de sa vie. Le cerveau n'est pas un organe figé. Au contraire, il est en perpétuelle reconfiguration, ce qui laisse à nos enfants et à nous, adultes, une éternelle deuxième chance pour évoluer, se réparer et se construire différemment…
BUBBLEmag
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