« Ma fille parle le français avec moi, l'arabe avec sa mère, l'anglais et le chinois à l'école et elle se porte très bien, je vous l'assure ». Cette affirmation d’un papa ingénieur à Hong Kong illustre à merveille la capacité des jeunes enfants à apprendre les langues étrangères. Ce qu’un adulte va mettre des années à faire, et en suant à grosses gouttes, un jeune enfant le fera beaucoup plus rapidement et les doigts dans le nez. Mais pourquoi cette injustice ?
Écoutez l'article en version podcast !
Et abonnez-vous ici depuis votre smartphone pour découvrir les autres épisodes de Questions de Darons.
HYPOTHÈSES
Trois hypothèses sont avancées : la plus grande plasticité du cerveau de l’enfant - c'est-à-dire sa capacité à se remodeler en fonction des stimuli extérieurs, et une mémoire encore peu encombrée. Ainsi qu’une attitude totalement décomplexée : les enfants n'ont pas peur de se tromper et s’expriment spontanément sans chercher à respecter les règles de grammaire !
CERTITUDES
Au-delà de ces trois hypothèses, on sait en revanche plusieurs choses.
La première : à la naissance, les bébés sont capables de distinguer les sons de toutes les langues du monde. Mais alors qu’entre 6 et 12 mois, ils progressent dans leur langue maternelle, ils perdent la capacité de reconnaître les phonèmes spécifiques aux autres langues. Autrement dit, si le cerveau n’est pas en contact très tôt avec une langue, il ne sera plus capable, ultérieurement, de discriminer certains sons. Il faut bien faire un choix, dans la vie.
La deuxième : les fonctions utiles au langage trouvent leur source dans deux zones du cerveau. L’aire de Wernicke, qui permet la compréhension des langues et l’aire de Broca, qui sert à s’exprimer oralement dans différentes langues, mais créer un espace spécifique pour chacune. Or dans les cerveaux des enfants élevés dans des milieux multilingues, l’aire de Broca ne distingue pas les langues apprises simultanément. Ce qui explique pourquoi ces enfants n’ont aucun mal à passer d’une langue à l’autre dans une même phrase.
La troisième : les études montrent que la facilité à apprendre une langue étrangère est optimale jusqu'aux sept ans de l’enfant. Ensuite, il y a un déclin systématique. Ce qui ne veut pas dire que l’on ne peut plus apprendre une nouvelle langue, mais que le temps et l’énergie nécessaire pour y parvenir ne font ensuite qu’augmenter.
La quatrième : une langue étrangère apprise avant l’âge de 8 ans est complètement oubliée si l’enfant arrête de la pratiquer. Ouf ! Il y a quand même une justice !
Se mettre au chinois à 40 ans, n’est donc pas gagné…
BUBBLEmag
Partager ce dossier