Le 2 avril 2018 est la journée mondiale de la sensibilisation à l'autisme. L'occasion de s'interroger sur la place faite aux enfants autistes dans notre société : à l'école, dans les activités créatives et sportives extra scolaires, dans la famille... Comment révéler et accompagner les talents différents de ces enfants. On fait le point avec Priscilla Werba, Orthophoniste et fondatrice de l'association Bulle d'air soutenue par la fondation Idkids. Bulle d'air accompagne parents et professionnels et offre aux enfants porteurs de handicaps et notamment d'autisme des ateliers de loisirs adaptés.
Quel état des lieux peut-on faire aujourd'hui quant on parle d'intégration des enfants autistes en france ?
Priscilla Werba : « Le dernier rapport publié est assez accablant sur le papier. En effet l’intégration des enfants autistes reste un sujet inquiétant, un sujet qui anime énormément mais qui laisse surtout trop souvent un sentiment de frustration et d’incompréhension chez les familles qui sont très isolées et souvent livrées à elles-mêmes dans un parcours semé d’embuches.
Cependant sur le terrain, ce que l’on observe est malgré tout parfois différent. Nous rencontrons des personnes qui se montrent motivées pour améliorer l’accompagnement et l’intégration de ces enfants autistes. Il y a aujourd’hui une réelle prise de conscience de la part des français que l’intégration des enfants autistes est un sujet inévitable pour les années à venir. Pour rappel, un enfant sur 100 nait autiste en France, soit 8 000 enfants par an. L’intégration est vraiment encore très insuffisante mais lorsque l’on regarde ce qui se passe dans le pays anglosaxons nous pouvons espérer qu’un jour ou l’autre les français s’en inspirent et offrent au fil du temps des propositions adaptées aux réels besoin des enfants avec autisme. »
Quels sont les principaux obstacles à l'intégration de ces enfants à l'école ?
Priscilla Werba : « Les principaux obstacles à l’intégration des enfants autistes à l’école comme dans les espaces de loisirs sont principalement le manque d’informations ou de formation du personnel mais aussi un soutien humain insuffisant parfois pour les accueillir dans des groupes d’enfants trop important. Mais là encore, nous voyons sur le terrain des équipes motivées qui se mobilisent par exemple pour ouvrir leurs portes aux enfants autistes dans les centres de loisirs municipaux, en sollicitant des aides publiques pour offrir de la formation à leurs équipes.
Nous voyons aussi des propositions faites pas l’éducation nationale de journées pédagogiques autour de l’accueil et l’accompagnement des enfants en situation de handicap en milieu scolaire. Ce sujet interpelle et commence à mobiliser des adultes si souvent déstabilisés. »
Voyez-vous une évolution de la part des enseignants, des éducateurs ?
Priscilla Werba : « Dans notre département, dans notre région Ile de France nous observons une vraie évolution dans la volonté de progresser pour mieux accueillir les enfants en situation de handicap. Le travail engagé par des associations ou des professionnels de soins pour créer du lien, devenir partenaire autour de ces enfants commence à porter ses fruits. Même si hélas encore trop de professionnels se sentent isolés, parfois pas suffisamment soutenus dans leur démarche d’accueil et de scolarisation pour les élèves en situation de handicap. »
Que dire de la société en général, les parents d'enfants neuro-typiques (non atteint par des troubles du spectre autistique - NDLR) vous semblent-ils prêt à la rencontre ?
Priscilla Werba : « Dans la société en général la différence continue à faire peur et ceci surtout par manque d’informations. Le fait de ne pas connaître l’autisme, ce trouble Neurodéveloppemental, continue à entretenir une grande appréhension face au handicap. Les enfants autistes sont comme tous les enfants, très différents les uns des autres, leurs réactions comme leurs compétences peuvent être très variées ce qui complexifie d’autant plus la compréhension de ce trouble. Cependant, ce qui est positif aujourd’hui, c’est que les enfants qui grandissent aujourd’hui dans les écoles côtoient tous au quotidien le handicap, la différence depuis la loi de février 2005 ; Alors si les parents d’enfants neurotypiques ne sont pas encore bien familiarisés avec ce handicap, leurs enfants seront certainement beaucoup plus à l’aise car ils auront grandi aux côtés des enfants. »
Comment voyez-vous les choses évoluer ? Une journée comme celle du 2 avril est-elle de nature à faire bouger les choses ?
Priscilla Werba : « Une journée comme celle du 2 avril a comme intérêt de faire un focus particulier sur ce handicap invisible mais tellement répandu en France et dans le monde. On parle aujourd’hui d’une semaine entière de sensibilisation autour du 2 avril, on voit que de nombreuses manifestations artistiques, scientifiques s’organiser dans toute la France. C’est important car cela donne la parole à des acteurs engagés, des personnes avec autisme, des familles et des professionnels concernés.
Nous savons aujourd’hui combien la communication est essentielle pour avancer sur le sujet de l’autisme, aussi ce gros coup de projecteur permet de mettre en lumière ce handicap et toutes personnes qui sont touchées de près ou de loin par ce dernier. »
Pour en savoir plus sur Bulle d'air
Découvrez également l'intervention de Priscilla Werba sur le jeu et le handicap sur la page Facebook d'Oxybul.
Découvrez aussi d'autres actions de la fondation Idkids au profit des enfants autistes
L'Association IKIGAÏ, « Les petites écoles pour tous », qui promeut et accompagne la scolarisation des enfants ayant des troubles cognitifs et/ou d’adaptation sociale.
La série de vidéos pédagogiques dédiées à l'inclusion scolaire des enfants porteurs d'autisme : "Enfants autistes, bienvenue à l'école".
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